Dans la communication, il y a des gens bourrés de talent.

Mais le talent ne suffit pas.

Des talents créatifs, inventant des histoires, des mots et des formes au service du message des marques. Des talents stratégiques, apportant une réelle compréhension des dynamiques de marché, des comportements individuels, des perceptions. Des talents opérationnels, organisant, fabricant, programmant des actions toujours plus audacieuses et brillantes.

Mais ces talents sont gâchés.

Gâchés par la faible maîtrise des modes de travail, en agence comme chez l'annonceur parce que le métier est appris sur le tas, souvent par l'erreur.

Gâchés par des illusions d'évidence, des incompréhensions, des registres de langage différents, des jargons troublants.

Gâchés par des étapes de travail non comprises ou non maîtrisées. Gâchés par des process internes, notamment de décision et debrief, flous.

Gâchés parce que le talent ne suffit pas.

Les créatifs travaillent et retravaillent leurs projets 5 à 8 fois, et dans certains cas extrêmes 28 fois ! Comment conserver une originalité de discours et de forme dans de telles condition ? Quelles agences peuvent assumer les coûts d'autant de re-travail ? Quel annonceur peut se permettre d'attendre aussi longtemps pour lancer une campagne ? Qui peut garantir, dans de telles conditions que l'objectif stratégique de départ n'a pas été perdu de vue ?

Il est peut-être temps de se dire que le Talent a besoin de Méthode pour ne pas être gâché.

Que le brief doit être un moment d'échange permettant de mieux se comprendre et non une commande formelle. Qu'il doit être mieux préparé en amont par l'annonceur.

Qu'il est anormal et probablement malsain de faire plus de 3 aller-retour création sur un projet. Qu'il n'est pas nécessaire de présenter 3, 4 ou 10 pistes à chaque réunion.

Que la communication est un métier avec des étapes de travail et de réflexion, un process, à suivre comme on suit le process de fabrication d'un meuble Ikéa ou une recette de cuisine. Pour éviter les accidents et pour éviter de gâcher le formidable talent de tous ceux, agences comme annonceurs, font ce métier et pour, une fois la base assurée, se permettre le grain de folie qui va rendre le projet étourdissant.

Il est peut-être temps de se dire que le métier de communicant ne devrait pas s'apprendre sur le tas ou seulement dans les écoles, mais par une démarche consistante et continue de formation.

Une démarche de compétences, au service des marques et d'une relation de travail annonceur-agence constructive et apaisée.

PS : Orphée, en dépit de tout son talent, n'a pas sauvé Eurydice. Peut-être parce qu'il n'a pas suivi le process en se retournant ?

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Le Mythe du Talent